You are not currently logged in. Are you accessing the unsecure (http) portal? Click here to switch to the secure portal. |
Henry de Sainct Didier
Henry de Sainct Didier | |
---|---|
Born | 1530s (?) Pertuis, Provence |
Died | after 1584 Paris, France (?) |
Occupation | Fencing master |
Patron | Charles IX of France |
Influences | |
Influenced | Salvator Fabris (?) |
Genres | Fencing manual |
Language | French |
Notable work(s) | Les secrets du premier livre sur l'espée seule (1573) |
Translations | Traducción castellano |
Signature |
Henry de Sainct Didier, Esq. was a 16th century French fencing master. He was born to a noble family in Pertuis in the Provence region of France, son of Luc de Sainct Didier. Sainct Didier made his career in the French army, ultimately serving 25 years and seeing action in Piedmont, Italy from 1554 - 1555. He wrote of himself that he "lived his whole life learning to fight with the single sword" and eventually "reached a point of perfection" in his art. Apparently he became a fencing master of some renown, for in ca. 1573 he wrote and published extensive treatises on a number of weapons, including the dagger, single side sword, double side swords, sword and buckler, sword and cloak, sword and dagger, sword and shield (both rotella and targe), and greatsword; he secured a royal privilege on the publication of all of these treatises for a period of ten years. Unfortunately, only his treatise on the single side sword, titled Les secrets du premier livre sur l'espée seule ("Secrets of the Premier Book on the Single Sword") and printed on 4 June 1573, is known to survive; it is possible that the others may never have been printed at all.
Contents
Treatise
Images | English Translation | Transcription |
---|---|---|
TRAICTE CONTENANT LES SECRETS DU PREMIER LIVRE SUR L’espée SEULE,
Mère de toutes armes, Qui sont espée dague, cappe, targue, bouclier, rondelle, l’espée deux mains & les deux espées, avec ses pourtraictures, ayans les armes au poing pour se deffendre & offencer à un mesme temps des coups qu’on peut tirer, tant en assaillant qu’en deffendant, fort utile & profitable pour adextrer la noblesse, & suposts de Mars : redigé par art, ordre & pratique. Composé par Henry de Sainct Didier Gentilhomme Provençal. DEDIÉ À LÀ MAJESTE DU ROY TRESCHRESTIEN CHARLES NEUVIESME. À PARIS, Imprimé par Jean Mettayer, & Matthurin Challenge, & se vend chez Jean Dalier, sur le pont Sainct Michel, à l’enseigne de la Rose blanche, 1573. AVEC PRIVILEGE DU ROY. | ||
EPISTRE AU ROY.
SIRE, Je ne m’amuseray à vous descrire combien sont à louer ceux qui taschans (comme l’on dit) ayder voire parfaire la nature, ont reduit les choses confuses en ordres, & de telle sorte que ce que de primeface sembloit rude, malaisé, & inaccessible, a esté par eux rendu aisé, traictable, & facile à aborder. Veu mesmement que le seul mal qui provient de la confusion & desordre des choses, et entre autres de celle qui sont propres aux Gentils-hommes les rendent assez recommandables. Parquoy tourneray ailleurs ma plume à vous remonstrer, que pour restaurer une bataille qui est en derroute, & la remettre en son pristin[1] ordre, il est besoin à un chef avoir deux choses bien familieres. Assavoir le jugement, pour gaigner le temps & le lieu, où & quand il faut arrester les rancs rompus & par une fainte cargue amuser les ennemis, pendant que le reste des troupes se rassemble & reserre. Lequel jugement ne se peut acquerir, voire la raison d’iceluy ne se peut croire sans le second poinct que je dy au chef estre fort necessaire, qui est l’experience des choses, de laquelle naist le jugement susdit. (SIRE) quiconque veut remettre quelque art ou doctrine en son ordre ou la tirer de la confusion, de peur qu’en fin elle ne se gaste, il est requis qu’il soit fourny de jugement, nay de l’experience veue par lexercice dudit art, ce que je ne dy sans cause car ayant fait service au faict des armes, tant à voz ayeux, comme aussi à vostre Majesté, par l’espace de vingtcinq ans en Piedmont & ailleurs. Je me puis justement attribuer avoir usé ma vie à l’expérience desdites armes, tellement qu’une si longue preuve peut avoir en moy engendré quelque perfection de l’art & pratique d’icelles. De sorte que voyant combien confusément, & avec mauvais ordre elles ont esté & sont pour le jourd’huy par tout le monde monstrées, & pratiquées, ay en mon cerveau figuré quelque patron ou idée, suivant laquelle comme exemplaire, je me fay fort que l’ordre en sera non seulement bon, ains l’art qui y consiste sera du tout restauré, & atteindra plus prés sa perfection, lequel j’ay par longs jours, tant à cause de mon impuissance & extreme pauvreté (ennemie des bons esprits) comme aussi pour estre empesché à vostre service, tenu caché & ensevely parmy mes papiers en mon cabinet, où les Muses aprés les efforts martiaux m’ont fait, & espere que me feront compaignie. Mais maintenant le desir que j’ay de vous faire treshumble & tresagreable service, loinct le zelle que toute ma vie j’ay eu aux armes, & à ceux qui les aiment, & qui en font profession, n’ont peu permettre, qu’en ce temps (ou Mars nous donne quelque relasche) je ne me sois enhardy presenter à vostre Majesté, chose non digne d’un tel & si grand Monarque, mais fort propre pour l’exercice d’un commun père, tant des armes que de paix, scavoir, un traicté sur l’espée seule, mere de toutes armes, que j’ay composé suivant mon petit jugement, dans lequel sont contenus six poincts, par cy aprés declarez, avec un ordre, non encores jamais usité, & la preuve d’iceluy, tant par raison que par effait attaché au bout. Voyla (SIRE) que contiendra, à present ce petit œuvre, qui est comme un sommaire ou recueil du premier livre que j’ay encores par devers moy. Parquoy si vostre Majesté prent quelque goust à cestuy cy, Dieu me donnant la grace de vivre, j’espere par le moyen de vostredite Majesté en mettre par cy aprés d’autres en lumiere, Donc cestuy (qui est le premier & principal pour adextrer la noblesse) j’ay pensé digne de vous, qui estes le protecteur, & soustien des armes, desquelles il traicte, vous suppliant plusque treshumblement, là & quand il seroit reputé autre vous plaise prendre mon ardente affection, laquelle de long temps a esté dediée à vous offrir treshumble, & tresagreable service, en payement m’employant à quelque chose, qui concerne iceluy, & je me tiendray plus que tresheureux avec perpetuelle occasion & volonté, plus que grande de prier le souverain Recteur de l’univers vous donner treslongue, & tresheureuse vie. Et pour borne de vostre Empire la seule Mer Occeane. | ||
Vostre treshumble, & obeïssant serviteur, Henry de S. Didier, Gentilhomme Provençal. | ||
S’ensuivent les secrets de ceste espée seule, & de toutes les autres armes qui en dépendent, pour lesquels entendre, & sur tout mieux executer, six poinct sont requis.
Le premier est combien de desmarches il y a en tout l’art desdites armes, & eslire la meillleure, & en donner raison. | ||
Le second, combien de gardes, & situations y a ausdittes armes & eslire la meilleure, & par quelle raison. | ||
Le troisiesme, de combien de coups l’ennemy aggresseur peut offencer le deffendeur & en donner pareille raison. | ||
Le quatriesme, en combien de lieux propres se peuvent adapter lesdits coups sur la personne, tant en assaillant, qu’en deffendant. | ||
Le cinquiesme, sçavoir, à tous ceux qui font, ou feront, cy aprés profession de monstrer audites armes : soy deffendre & offencer à un mesme temps de quelque coup ou coups qu’on peut tirer, & par ainsi s’ils ne les sçavent comment les pourront ils monstrer à leurs disciples. | ||
Par le sixiesme poinct, qui est le dernier on verra un grand secret, qui est de juger du coup que l’assaillant peut tirer sur le deffendeur
& en sera donné raison. | ||
Quand au premier poinct, c’est à sçavoir combien il y a de desmarches, je respond qu’il n’y en a[2]que deux, par ce que nous n’avons que deux pieds. | ||
Les aucuns se tiennent sur le pied droict, les autres sur le pied gauche, toutefois en donnent bien peu de raisons, soy tenant sur l’une ou sur l’autre desmarche. Mais pour estre bien asseuré quand il est besoing de mettre l’espée au poing, faut sçavoir laquelle desdites deux desmarches est la meilleure & la plus certaine & superlative & en icelle comme dit est se faut tenir pour executer ledit art. | ||
Quant à moy je soustiens avec l’esperience & preuve la desmarche qui se faict, soy tenant sur le pied gauche, pour la premiere foys, en mettant l’espée au poing, est la plus certaine & meilleure, tant pour l’assaillant que pour le deffendant. Combien que peu de noz encestres demonstrateurs s’y tiennent, & soy y tenant, tant sur l’un que sur l’autre, en donnent bien peu de raison. À ceste cause je concluray qu’il n’y a que deux desmarches en tout l’art, pour bien commencer iceluy. | ||
Et pour bien suivre les doctes, & les immiter, faut de deux choses bonnes choisir la meilleure, & de deux mauvaises, eviter les deux, si faire se peut, sinon la pire, & en ce faisant, je conseille à tous lesdits suppots de prendre la meilleure desdites deux desmarches, qui est celle qu’on se tient sur le pied gauche pour la premiere fois, en mettant les armes au poing, faisant un desdits trois desgainements. | ||
Sensuivent cy aprés les declarations & raisons desdits six poincts.
La raison du premier est qu’il n’y a que deux desmarches, l’une se fait sur le pied droit, & l’autre sur le pied gauche. | ||
Quant à moy je dy soy tenant sur le pied gauche est le meilleur, par ce que y estant on a liberté de prendre plus de temps, & grande course, que sur la desmarche du pied droict & par consequent de bien assaillir, & de beaucoup mieux se deffendre, comme se verra cy aprés à l’ordre des coups. | ||
Voyla la raison pourquoy la desmarche qu’on faict sus ledit pied gauche, est meilleure que celle dudit pied droict. | ||
La seconde est sçavoir combien de gardes & situations il y a ausdites armes. Je dis qu’il n’y a que trois gardes, & trois assituations principalles.
| ||
Les aucuns demonstrateurs, quand ils definissent lesdites gardes, accommencent à la haute. Quant à moy, je commence à la basse, attendu que toutes choses se commencent aux fondements. Comme pour exemple, les gens doctes ne commencent à monstrer les sciences aux hautes, ne les maçons quand ils viennent à commencer à bastir les maisons, ne commencent pas à la tuille, ains au fondement. Et par ainsi je commence à la basse, qui est le fondement qu’on doit bien garder. | ||
Bien est vray, que de ceste garde basse, s’en peut engendrer deux autres basses, l’une est sur le costé droit, l’autre sur le costé gauche. | ||
Celle qui se fait sur le costé droit, elle se faict laissant la nature, & proprieté de leurditte mere, & participer sur le costé droict. | ||
Celle qui se fait sur le costé gauche, elle se fait aussi laissant la nature, & estre de saditte mere, & participer du costé gauche. | ||
Cesdites deux gardes engendrées de ladite basse, elle se font bien souvent pour attirer quelque coup des ignorans, qui fera un maindroict, ou un estoc haut ; car autre coup on ne peut, sur lesquels facilement on peut attraper & toucher l’ennemy assaillant qui sera estourdy, & ne considerera l’accident qui peut venir, estant sur sesdittes deux gardes faintes. Mais la garde basse leur mere est la plus certaine, de sorte qu’il n’y a que trois gardes, comme dit est. | ||
Le troisiesme poinct est qu’il faut scavoir de combien de coups l’ennemy assaillant peut offencer le deffendant. Quant à moy, je dy que l’assaillant & deffendant ne se peuvent offencer que de trois coups. Qui sont,
| ||
Bien est vray qu’ils se peuvent multiplier en six lieux propres sur corps humain, qui faut bien garder, tout ainsi qu’un bon joueur de paulme faut qu’il garde bien l’es,[3] que lesteu[4] de partie adverse ne le touche. Aussi faut il qu’un bon tireur d’armes garde bien qu’un desdits trois coups ne touchent aux six lieux ausquels se peuvent adapter comme dit est, dont se verront cy apres. | ||
Faut noter que les armes, & la paulme sont cousins germains, & qui scaura bien jouer à la paulme, facilement & tost scaura bien tirer des armes. | ||
Le quatriesme poinct est, que l’assaillant & deffendant ne se peuvent offencer que desdicts trois coups : bien est vray qu’ils se peuvent multiplier, & adapter comme avons promis si dessus en six lieux propres sur la person ne, soit en assaillant, ou en deffendant, & qui scaura le moyen de soy deffendre, & offencer à un mesme temps, comme ce peult, desdicts trois coups, qui sont cy dessus & seront si aprés definis, estant multipliez il en scaura cent. | ||
Sensuivent les noms desdits six lieux propres, ou fault, & se peuvent tirer les susdicts trois coups, c’est à dire,
| ||
Le premier coup & lieu, est un maindroict, de bas au jarret gauche du deffendant. | ||
Le second coup & lieu, est un renvers, de bas au jarret droict du deffendeur, s’il est droictié, & s’il est gauché, se fera au jarret gauche. | ||
Le troisieme lieu, ledict maindroict est multiplié une fois d’hault sur le costé gauche du deffendant. | ||
Le quatriesme lieu est un renvers d’hault sur l’espaulle droicte du deffendant, estans multiplié une fois. | ||
Le cinquiesme lieu, est le tetin gauche, auquel le Lieutenent assaillant tirera un estoc au Prevost, qui est ledict troisieme coup. | ||
Le sixiesme & dernier lieu, est le tetin droict dudict Prevost
auquel le Lieutenent tirera un estoc, qui est ledict troisiesme coup, estant multiplié une fois comme ledict Maindroict, & Renvers. | ||
Fin desdicts six lieux, qui est aussi la fin du quatriesme poinct. | ||
Le cinquiesme est, qu’il fault sçavoir soy deffendre & offencer à un mesme temps desdits trois coups, adaptez & tirez aux susdits lieux, tant en assaillant qu’en deffendant observant bien le temps qui est requis. Dont le tout sera cy aprés monstré & declaré au long à l’instruction de ceste espée seule. | ||
Le sixiesme & et dernier poinct est un des bons qui soit requis de sçavoir en tout l’art, qui est juger du coup qui se peut tirer, tant en assaillant qu’en deffendant, car le jugeant facilement on y trouvera son remede, autrement non. Et pour ce faire faut regarder la pointe de l’espée, & ne la perdre jamais de veue, & en ce faisant, facilement on jugera du coup, le jugeant on trouvera moyen de soy deffendre & offencer, comme j’ay promis à un mesme temps. | ||
La raison pour juger d’un desdits coups est que l’exterieur, qui est ladite pointe de l’espée, se conduit & meine par l’interieur, qui est la volonté, & ne scauroit la pointe de l’espée, qui est l’exterieur, estre si habile que la veue, & par consequent la veue fait juger du coup, & gaigner le temps. La veue & le temps gaignées peuvent succeder & prealler[5] ledit exterieur, qui est l’un desdits coups que le Lieutenant peut tirer sur le Prevost deffendant, & par là on peut trouver son remede. | ||
Voicy la fin & declaration du sixiesme & dernier poinct, qui est necessaire de scavoir à tous, pour l’intelligence de ceste arme, & de toutes les autres qui sont du mesme subjet.
Suyvant les dessusdits six poincts, un nommé Fabrice[6] & Jule, me vindrent une fois voir, avec quelques uns de leur païs, par ce qu’ils avoient ouy parler de moy, & leur avoit on dit que je composois un livre sus les armes & que je l’avois dedié au Roy. Eux cupides & volontaires, de sçavoir encores plus ausdites armes qu’ils ne sçavoient, me prierent de leur monstrer ledit livre, ce que je leur fis refus, (jusques à ce que ladite Majesté l’eust veu) & alors voyant leurs volontez bonnes, & qui n’estoient venus à moy pour eux jacter, ains pour tascher à voir le contenu dudit livre, cela m’esmeut de discourir avecques eux quelques poincts contenuz ausdites armes, & leurs fis certaines interrogations, qu’on pourra voir cy aprés avec leurs responses, par lesquelles on pourra facillement juger qui touche mieux au but de la vraye definition, & demonstration desdites armes. | ||
Et alors je me viens atacquer premierement audit Fabrice, & luy dis Seigneur Fabrice, avant que tirer à present avec vous, ny avec autre ausdites armes, je veux sçavoir de combien de coups l’ennemy assaillant peut offencer le deffendant. Et pourtant, de grace vous prie, le moy dire. | ||
Et alors respondit ledit Fabrice & dit, de plusieurs bottes, bottes en napollitain vaut autant à dire que coups en françois. Et encores oyant ledit Autheur cette response proferée par ledit Fabrice, estre infinie et incertaine. Respondit encore ledit Fabrice & dist seigneur pourquoy dictes vous que ma reponse est impertinente. | ||
Respond ledit de Sainct Didier & dit que toute response infinie n’a point de certitude, à ceste cause ladite response qu’a ledit Fabrice respondu de plusieurs bottes est impertinente. | ||
Et alors ledit Fabrice voyant que je remuois la teste, signifiant par là qu’il ne m’avoit respondu pertinement. Va ledit Fabrice un petit reprendre ses esprits, & feit autre response, & dit que de cinq bottes l’ennemy assaillant pouvoit offencer le deffendant : Et encores je luy dis definissez les, & à ceste heure il dit d’un,
Et oyant ceste responce proferée par ledit Fabrice, quand il dit cy dessus de cinq Bottes. | ||
Alors le dit Autheur, sans bien peu d’intervalle luy respondit & dit que telles responses contenoient deux chefs, par lesquels il avoit mal respondu, attendu qu’il y a une response qui est plurielle, & l’autre singuliere. La plurielle ne vaut rien, la raison est cy dessus donnée, la singuliere qui est quand il a dit cy dessus de cinq bottes n’est aussi pertinente. La raison par ce que il en y a trop & par ainsi en faut oster. | ||
Voyant ce, ledit Fabrice, que je dits qu’il falloit oster quelques coups desdites bottes, me repliqua pour scavoir de moy la vraye definition & secret, & me dit, Seigneur de S. Didier, pourquoy avez-vous dit que les responses, que je dy cy dessus, de plusieurs & de cinq bottes n’estoient par moy bien ne deuement respondues ? | ||
Respond derechef ledit Autheur, & dit que veritablement telles susdites responses ne valloient rien, au moins la plurielle, comme a esté definy cy dessus, & sera monstré cy aprés comme par exemple. | ||
Si on disoit & interrogoit un maistre de camp, & on luy demandast de combien d’advenues l’ennemy peut venir sur un camp, & qu’il respondit de plusieurs : Je dy que telle response seroit incertaine, & par consequent n’est pertinente, attendu que quand on fait telle susdittes interrogations à un maistre de camp ou autres, tels doivent estre certains de leurs responses. Autrement ne sont dignes de regir ne gouverner un camp, ne republiques, attendu qu’il faut estre certain de combien d’advenues l’ennemy peut venir sur un camp, à celle fin qu’on y puisse mettre autant de centinelles, pour la conservation & garde d’iceluy. | ||
Et pour respondre & conclure, à ce que dessus est dit nous avons autant de besoin de scavoir de combien de coups l’ennemy nous peut offenser, pour scavoir à iceux remedier & deffendre nostre corps & honneur, comme un Maistre de camps qui a un camp de cent ou cinquante mille hommes car c’est nostre interest particulier. Quant à moy je dis avec les doctes que ce qui ce peut faire avec peu est meilleur que ce qui ce fait avec beaucoup. À ceste cause j’osteray deux desdites cinq bottes que tient le dit Fabrice par ce que je les dy estre superflus, qui sont Fendant, & Imbronccade, & n’en demeurera plus que trois, qui sont cy dessus par moy definis, & seront cy apres. | ||
S’ensuit la declaration & raison cy aprés pourquoy ledit Autheur oste ledit Fendant, contre l’opinion desdits Fabrice & Julle, & plusieurs autres, ce neantmoins de tout temps les ont mis & mettent au ranc desdits coups.
La raison pourquoy j’oste premierement ledit Fendant est par ce qu’il ne se peut faire proprement. Car tout Fendant qui est propre faut qu’il tienne & ne laisse le sommet & meillieu de la chose qu’on veut fendre. Or est il que je ne sache homme, tant soit il exercé en toutes sciences ou arts, qu’ayant une espée au poing, couttellats, ou autres armes à ce propres à fendre, que quelque coup qu’il puisse faire, ne participe ou d’un costé ou d’autre, laissant le meillieu. Et pourtant si tel coup tiré participe du costé droict, n’est Fendant, ains Maindroict, & s’il tient plus du costé gauche, n’est aussi Fendant, mais sera un Renvers. | ||
Voyla la raison pourquoy ledit Fendant est osté par ledit Autheur : du nombre desdites cinq bottes que tient le susdit Fabrice, & n’en demourera plus que quatre. | ||
Cy aprés est aussi declaré pourquoy ledit autheur oste ladite Imbronccade du nombre desdites cinq bottes.
La raison, par ce qu’Estoccade & Imbronccade, c’est tout un, comme verjus verd, & verd verjus,[7] c’est aussi tout un. Car en demandant l’un ou l’autre, on ne vous apportera jamais que le mesme. Aussi une Estoccade, & une Imbronccade, c’est une mesme chose, attendu que cest tousjours la pointe qui faict la faction. Et par ainsi ostant comme dit est, le Fendant & imbronccade, n’en demoureront plus que lesdits trois coups qui sont cy dessus declarez audit troisiesme poinct. | ||
Voicy la fin de tout ce qui est requis & necessaire de scavoir & entendre à un chacun, qui veut estre adroit ausdites armes
Pour bien donner entendre lesdites armes, & discourir de l’art, ordre & pratique d’icelle, il a fallu feindre trois personnages : lLe premier c’est l’Autheur, le second le Lieutenant, le troisiesme le Prevost. Par l’Autheur sera descrit cy aprés tout l’ordre que doit tenir ledit Lieutenant & Prevost en l’art de ceste espée seule, laquelle s’ensuit cy aprés & le commencement d’icelle. FIN. | ||
Au Roy.
Par Estienne de la Guette, gentilhomme. SIRE, il est tout certain que les hommes sont faits | ||
Images | English Translation | Transcription |
---|---|---|
Text to copy over | ||
Additional Resources
- Hyatt, Robert Preston and Wilson, Devon. "The Single Sword of Henry de Sainct Didier." Masters of Medieval and Renaissance Martial Arts. Ed. Jeffrey Hull. Boulder, CO: Paladin Press, 2008. ISBN 978-1-58160-668-3
- Sainct Didier, Henry de. The Single Sword of Henry de Sainst-Didier (Traicté Contenant Les Secrets Du Premier Livre Sur L'Espée Seule). Trans. Robert Preston Hyatt and Devon Wilson. Boulder, CO: Paladin Press, 2009.
References
- ↑ Pristin : ancien, antérieur
- ↑ Insertion du « a ».
- ↑ « L'es », habituellement orthographiée « ais », désigne une planche de bois placée dans le mur du fond de la salle de jeu de paume qui, si elle est touchée par un coup de volée, donne le point immédiatement. Dans le jeu de paume moderne, cette planche est remplacée par une grille. Il est possible que cet « ais » ait donné le terme anglais d'« ace » que les étymologies modernes confondent avec l'« as » du jeu de carte. Voir la définition d' « ais » de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert.
- ↑ L’esteuf : ancien nom pour la balle.
- ↑ précéder. « Préaller » subsiste en français sous la forme « préalable ».
- ↑ Il s’agit très probablement du maître d’arme italien Fabris Salvator de Padoue (1544-1617). Voir la note sur Fabris Salvator de Vigeant p. 162 et aussi les références à ses publications (Vigeant p. 55-56)
- ↑ Version alimentaire de l’adage « blanc bonnet et bonnet blanc ».
- ↑ Transcription la plus sûre du texte : « gran d erre »
- ↑ Serviteur du grand prêtre venu arrêter Jésus au Mont des Olivier et dont l’oreille coupée a été immédiatement guérie. Selon la lecture du passage, il est parfois pris pour celui qui soufflète Jésus.
- ↑ Un des anciens nom de l’abeille.
- ↑ Sens incertain ; peut-être s'agit-il d'une mauvaise graphie de « filial ».