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Henry de Sainct Didier
Henry de Sainct Didier | |
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Born | 1530s (?) Pertuis, Provence |
Died | after 1584 Paris, France (?) |
Occupation | Fencing master |
Patron | Charles IX of France |
Influences | |
Influenced | Salvator Fabris (?) |
Genres | Fencing manual |
Language | Middle French |
Notable work(s) | Les secrets du premier livre sur l'espée seule (1573) |
Translations | Traducción castellano |
Signature |
Henry de Sainct Didier, Esq. was a 16th century French fencing master. He was born to a noble family in Pertuis in the Provence region of France, son of Luc de Sainct Didier. Sainct Didier made his career in the French army, ultimately serving 25 years and seeing action in Piedmont, Italy from 1554 - 1555. He wrote of himself that he "lived his whole life learning to fight with the single sword" and eventually "reached a point of perfection" in his art. Apparently he became a fencing master of some renown, for in ca. 1573 he secured a royal privilege for a period of ten years for treatises on a number of weapons, including the dagger, single side sword, double side swords, sword and buckler, sword and cloak, sword and dagger, sword and shield (both rotella and targe), and greatsword. Unfortunately, only his treatise on the single side sword, titled Les secrets du premier livre sur l'espée seule ("Secrets of the Premier Book on the Single Sword") and printed on 4 June 1573, is known to survive; it seems likely that the others were never published at all.
Contents
Treatise
Illustrations |
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TRAICTE CONTENANT LES SECRETS DU PREMIER LIVRE SUR L’ESPEE SEULE,
Mère de toutes armes, Qui sont espée dague, cappe, targue, bouclier, rondelle, l’espée deux mains & les deux espées, avec ses pourtraictures, ayans les armes au poing pour se deffendre & offencer à un mesme temps des coups qu’on peut tirer, tant en assaillant qu’en deffendant, fort utile & profitable pour adextrer la noblesse, & suposts de Mars : redigé par art, ordre & pratique. Composé par Henry de Sainct Didier Gentilhomme Provençal. DEDIÉ À LÀ MAJESTE DU ROY TRESCHRESTIEN CHARLES NEUVIESME. À PARIS, Imprimé par Jean Mettayer, & Matthurin Challenge, & se vend chez Jean Dalier, sur le pont Sainct Michel, à l’enseigne de la Rose blanche, 1573. AVEC PRIVILEGE DU ROY. | ||
EPISTRE AU ROY.
SIRE, Je ne m’amuseray à vous descrire combien sont à louer ceux qui taschans (comme l’on dit) ayder voire parfaire la nature, ont reduit les choses confuses en ordres, & de telle sorte que ce que de primeface sembloit rude, malaisé, & inaccessible, a esté par eux rendu aisé, traictable, & facile à aborder. Veu mesmement que le seul mal qui provient de la confusion & desordre des choses, et entre autres de celle qui sont propres aux Gentils-hommes les rendent assez recommandables. Parquoy tourneray ailleurs ma plume à vous remonstrer, que pour restaurer une bataille qui est en derroute, & la remettre en son pristin[1] ordre, il est besoin à un chef avoir deux choses bien familieres. Assavoir le jugement, pour gaigner le temps & le lieu, où & quand il faut arrester les rancs rompus & par une fainte cargue amuser les ennemis, pendant que le reste des troupes se rassemble & reserre. Lequel jugement ne se peut acquerir, voire la raison d’iceluy ne se peut croire sans le second poinct que je dy au chef estre fort necessaire, qui est l’experience des choses, de laquelle naist le jugement susdit. (SIRE) quiconque veut remettre quelque art ou doctrine en son ordre ou la tirer de la confusion, de peur qu’en fin elle ne se gaste, il est requis qu’il soit fourny de jugement, nay de l’experience veue par lexercice dudit art, ce que je ne dy sans cause car ayant fait service au faict des armes, tant à voz ayeux, comme aussi à vostre Majesté, par l’espace de vingtcinq ans en Piedmont & ailleurs. Je me puis justement attribuer avoir usé ma vie à l’expérience desdites armes, tellement qu’une si longue preuve peut avoir en moy engendré quelque perfection de l’art & pratique d’icelles. De sorte que voyant combien confusément, & avec mauvais ordre elles ont esté & sont pour le jourd’huy par tout le monde monstrées, & pratiquées, ay en mon cerveau figuré quelque patron ou idée, suivant laquelle comme exemplaire, je me fay fort que l’ordre en sera non seulement bon, ains l’art qui y consiste sera du tout restauré, & atteindra plus prés sa perfection, lequel j’ay par longs jours, tant à cause de mon impuissance & extreme pauvreté (ennemie des bons esprits) comme aussi pour estre empesché à vostre service, tenu caché & ensevely parmy mes papiers en mon cabinet, où les Muses aprés les efforts martiaux m’ont fait, & espere que me feront compaignie. Mais maintenant le desir que j’ay de vous faire treshumble & tresagreable service, loinct le zelle que toute ma vie j’ay eu aux armes, & à ceux qui les aiment, & qui en font profession, n’ont peu permettre, qu’en ce temps (ou Mars nous donne quelque relasche) je ne me sois enhardy presenter à vostre Majesté, chose non digne d’un tel & si grand Monarque, mais fort propre pour l’exercice d’un commun père, tant des armes que de paix, scavoir, un traicté sur l’espée seule, mere de toutes armes, que j’ay composé suivant mon petit jugement, dans lequel sont contenus six poincts, par cy aprés declarez, avec un ordre, non encores jamais usité, & la preuve d’iceluy, tant par raison que par effait attaché au bout. Voyla (SIRE) que contiendra, à present ce petit œuvre, qui est comme un sommaire ou recueil du premier livre que j’ay encores par devers moy. Parquoy si vostre Majesté prent quelque goust à cestuy cy, Dieu me donnant la grace de vivre, j’espere par le moyen de vostredite Majesté en mettre par cy aprés d’autres en lumiere, Donc cestuy (qui est le premier & principal pour adextrer la noblesse) j’ay pensé digne de vous, qui estes le protecteur, & soustien des armes, desquelles il traicte, vous suppliant plusque treshumblement, là & quand il seroit reputé autre vous plaise prendre mon ardente affection, laquelle de long temps a esté dediée à vous offrir treshumble, & tresagreable service, en payement m’employant à quelque chose, qui concerne iceluy, & je me tiendray plus que tresheureux avec perpetuelle occasion & volonté, plus que grande de prier le souverain Recteur de l’univers vous donner treslongue, & tresheureuse vie. Et pour borne de vostre Empire la seule Mer Occeane. | ||
Vostre treshumble, & obeïssant serviteur, Henry de S. Didier, Gentilhomme Provençal. | ||
S’ensuivent les secrets de ceste espée seule, & de toutes les autres armes qui en dépendent, pour lesquels entendre, & sur tout mieux executer, six poinct sont requis.
Le premier est combien de desmarches il y a en tout l’art desdites armes, & eslire la meillleure, & en donner raison. | ||
Le second, combien de gardes, & situations y a ausdittes armes & eslire la meilleure, & par quelle raison. | ||
Le troisiesme, de combien de coups l’ennemy aggresseur peut offencer le deffendeur & en donner pareille raison. | ||
Le quatriesme, en combien de lieux propres se peuvent adapter lesdits coups sur la personne, tant en assaillant, qu’en deffendant. | ||
Le cinquiesme, sçavoir, à tous ceux qui font, ou feront, cy aprés profession de monstrer audites armes : soy deffendre & offencer à un mesme temps de quelque coup ou coups qu’on peut tirer, & par ainsi s’ils ne les sçavent comment les pourront ils monstrer à leurs disciples. | ||
Par le sixiesme poinct, qui est le dernier on verra un grand secret, qui est de juger du coup que l’assaillant peut tirer sur le deffendeur
& en sera donné raison. | ||
Quand au premier poinct, c’est à sçavoir combien il y a de desmarches, je respond qu’il n’y en a[2]que deux, par ce que nous n’avons que deux pieds. | ||
Les aucuns se tiennent sur le pied droict, les autres sur le pied gauche, toutefois en donnent bien peu de raisons, soy tenant sur l’une ou sur l’autre desmarche. Mais pour estre bien asseuré quand il est besoing de mettre l’espée au poing, faut sçavoir laquelle desdites deux desmarches est la meilleure & la plus certaine & superlative & en icelle comme dit est se faut tenir pour executer ledit art. | ||
Quant à moy je soustiens avec l’esperience & preuve la desmarche qui se faict, soy tenant sur le pied gauche, pour la premiere foys, en mettant l’espée au poing, est la plus certaine & meilleure, tant pour l’assaillant que pour le deffendant. Combien que peu de noz encestres demonstrateurs s’y tiennent, & soy y tenant, tant sur l’un que sur l’autre, en donnent bien peu de raison. À ceste cause je concluray qu’il n’y a que deux desmarches en tout l’art, pour bien commencer iceluy. | ||
Et pour bien suivre les doctes, & les immiter, faut de deux choses bonnes choisir la meilleure, & de deux mauvaises, eviter les deux, si faire se peut, sinon la pire, & en ce faisant, je conseille à tous lesdits suppots de prendre la meilleure desdites deux desmarches, qui est celle qu’on se tient sur le pied gauche pour la premiere fois, en mettant les armes au poing, faisant un desdits trois desgainements. | ||
Sensuivent cy aprés les declarations & raisons desdits six poincts.
La raison du premier est qu’il n’y a que deux desmarches, l’une se fait sur le pied droit, & l’autre sur le pied gauche. | ||
Quant à moy je dy soy tenant sur le pied gauche est le meilleur, par ce que y estant on a liberté de prendre plus de temps, & grande course, que sur la desmarche du pied droict & par consequent de bien assaillir, & de beaucoup mieux se deffendre, comme se verra cy aprés à l’ordre des coups. | ||
Voyla la raison pourquoy la desmarche qu’on faict sus ledit pied gauche, est meilleure que celle dudit pied droict. | ||
La seconde est sçavoir combien de gardes & situations il y a ausdites armes. Je dis qu’il n’y a que trois gardes, & trois assituations principalles.
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Les aucuns demonstrateurs, quand ils definissent lesdites gardes, accommencent à la haute. Quant à moy, je commence à la basse, attendu que toutes choses se commencent aux fondements. Comme pour exemple, les gens doctes ne commencent à monstrer les sciences aux hautes, ne les maçons quand ils viennent à commencer à bastir les maisons, ne commencent pas à la tuille, ains au fondement. Et par ainsi je commence à la basse, qui est le fondement qu’on doit bien garder. | ||
Bien est vray, que de ceste garde basse, s’en peut engendrer deux autres basses, l’une est sur le costé droit, l’autre sur le costé gauche. | ||
Celle qui se fait sur le costé droit, elle se faict laissant la nature, & proprieté de leurditte mere, & participer sur le costé droict. | ||
Celle qui se fait sur le costé gauche, elle se fait aussi laissant la nature, & estre de saditte mere, & participer du costé gauche. | ||
Cesdites deux gardes engendrées de ladite basse, elle se font bien souvent pour attirer quelque coup des ignorans, qui fera un maindroict, ou un estoc haut ; car autre coup on ne peut, sur lesquels facilement on peut attraper & toucher l’ennemy assaillant qui sera estourdy, & ne considerera l’accident qui peut venir, estant sur sesdittes deux gardes faintes. Mais la garde basse leur mere est la plus certaine, de sorte qu’il n’y a que trois gardes, comme dit est. | ||
Le troisiesme poinct est qu’il faut scavoir de combien de coups l’ennemy assaillant peut offencer le deffendant. Quant à moy, je dy que l’assaillant & deffendant ne se peuvent offencer que de trois coups. Qui sont,
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Bien est vray qu’ils se peuvent multiplier en six lieux propres sur corps humain, qui faut bien garder, tout ainsi qu’un bon joueur de paulme faut qu’il garde bien l’es,[3] que lesteu[4] de partie adverse ne le touche. Aussi faut il qu’un bon tireur d’armes garde bien qu’un desdits trois coups ne touchent aux six lieux ausquels se peuvent adapter comme dit est, dont se verront cy apres. | ||
Faut noter que les armes, & la paulme sont cousins germains, & qui scaura bien jouer à la paulme, facilement & tost scaura bien tirer des armes. | ||
Le quatriesme poinct est, que l’assaillant & deffendant ne se peuvent offencer que desdicts trois coups : bien est vray qu’ils se peuvent multiplier, & adapter comme avons promis si dessus en six lieux propres sur la person ne, soit en assaillant, ou en deffendant, & qui scaura le moyen de soy deffendre, & offencer à un mesme temps, comme ce peult, desdicts trois coups, qui sont cy dessus & seront si aprés definis, estant multipliez il en scaura cent. | ||
Sensuivent les noms desdits six lieux propres, ou fault, & se peuvent tirer les susdicts trois coups, c’est à dire,
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Le premier coup & lieu, est un maindroict, de bas au jarret gauche du deffendant. | ||
Le second coup & lieu, est un renvers, de bas au jarret droict du deffendeur, s’il est droictié, & s’il est gauché, se fera au jarret gauche. | ||
Le troisieme lieu, ledict maindroict est multiplié une fois d’hault sur le costé gauche du deffendant. | ||
Le quatriesme lieu est un renvers d’hault sur l’espaulle droicte du deffendant, estans multiplié une fois. | ||
Le cinquiesme lieu, est le tetin gauche, auquel le Lieutenent assaillant tirera un estoc au Prevost, qui est ledict troisieme coup. | ||
Le sixiesme & dernier lieu, est le tetin droict dudict Prevost
auquel le Lieutenent tirera un estoc, qui est ledict troisiesme coup, estant multiplié une fois comme ledict Maindroict, & Renvers. | ||
Fin desdicts six lieux, qui est aussi la fin du quatriesme poinct. | ||
Le cinquiesme est, qu’il fault sçavoir soy deffendre & offencer à un mesme temps desdits trois coups, adaptez & tirez aux susdits lieux, tant en assaillant qu’en deffendant observant bien le temps qui est requis. Dont le tout sera cy aprés monstré & declaré au long à l’instruction de ceste espée seule. | ||
Le sixiesme & et dernier poinct est un des bons qui soit requis de sçavoir en tout l’art, qui est juger du coup qui se peut tirer, tant en assaillant qu’en deffendant, car le jugeant facilement on y trouvera son remede, autrement non. Et pour ce faire faut regarder la pointe de l’espée, & ne la perdre jamais de veue, & en ce faisant, facilement on jugera du coup, le jugeant on trouvera moyen de soy deffendre & offencer, comme j’ay promis à un mesme temps. | ||
La raison pour juger d’un desdits coups est que l’exterieur, qui est ladite pointe de l’espée, se conduit & meine par l’interieur, qui est la volonté, & ne scauroit la pointe de l’espée, qui est l’exterieur, estre si habile que la veue, & par consequent la veue fait juger du coup, & gaigner le temps. La veue & le temps gaignées peuvent succeder & prealler[5] ledit exterieur, qui est l’un desdits coups que le Lieutenant peut tirer sur le Prevost deffendant, & par là on peut trouver son remede. | ||
Voicy la fin & declaration du sixiesme & dernier poinct, qui est necessaire de scavoir à tous, pour l’intelligence de ceste arme, & de toutes les autres qui sont du mesme subjet.
Suyvant les dessusdits six poincts, un nommé Fabrice[6] & Jule, me vindrent une fois voir, avec quelques uns de leur païs, par ce qu’ils avoient ouy parler de moy, & leur avoit on dit que je composois un livre sus les armes & que je l’avois dedié au Roy. Eux cupides & volontaires, de sçavoir encores plus ausdites armes qu’ils ne sçavoient, me prierent de leur monstrer ledit livre, ce que je leur fis refus, (jusques à ce que ladite Majesté l’eust veu) & alors voyant leurs volontez bonnes, & qui n’estoient venus à moy pour eux jacter, ains pour tascher à voir le contenu dudit livre, cela m’esmeut de discourir avecques eux quelques poincts contenuz ausdites armes, & leurs fis certaines interrogations, qu’on pourra voir cy aprés avec leurs responses, par lesquelles on pourra facillement juger qui touche mieux au but de la vraye definition, & demonstration desdites armes. | ||
Et alors je me viens atacquer premierement audit Fabrice, & luy dis Seigneur Fabrice, avant que tirer à present avec vous, ny avec autre ausdites armes, je veux sçavoir de combien de coups l’ennemy assaillant peut offencer le deffendant. Et pourtant, de grace vous prie, le moy dire. | ||
Et alors respondit ledit Fabrice & dit, de plusieurs bottes, bottes en napollitain vaut autant à dire que coups en françois. Et encores oyant ledit Autheur cette response proferée par ledit Fabrice, estre infinie et incertaine. Respondit encore ledit Fabrice & dist seigneur pourquoy dictes vous que ma reponse est impertinente. | ||
Respond ledit de Sainct Didier & dit que toute response infinie n’a point de certitude, à ceste cause ladite response qu’a ledit Fabrice respondu de plusieurs bottes est impertinente. | ||
Et alors ledit Fabrice voyant que je remuois la teste, signifiant par là qu’il ne m’avoit respondu pertinement. Va ledit Fabrice un petit reprendre ses esprits, & feit autre response, & dit que de cinq bottes l’ennemy assaillant pouvoit offencer le deffendant : Et encores je luy dis definissez les, & à ceste heure il dit d’un,
Et oyant ceste responce proferée par ledit Fabrice, quand il dit cy dessus de cinq Bottes. | ||
Alors le dit Autheur, sans bien peu d’intervalle luy respondit & dit que telles responses contenoient deux chefs, par lesquels il avoit mal respondu, attendu qu’il y a une response qui est plurielle, & l’autre singuliere. La plurielle ne vaut rien, la raison est cy dessus donnée, la singuliere qui est quand il a dit cy dessus de cinq bottes n’est aussi pertinente. La raison par ce que il en y a trop & par ainsi en faut oster. | ||
Voyant ce, ledit Fabrice, que je dits qu’il falloit oster quelques coups desdites bottes, me repliqua pour scavoir de moy la vraye definition & secret, & me dit, Seigneur de S. Didier, pourquoy avez-vous dit que les responses, que je dy cy dessus, de plusieurs & de cinq bottes n’estoient par moy bien ne deuement respondues ? | ||
Respond derechef ledit Autheur, & dit que veritablement telles susdites responses ne valloient rien, au moins la plurielle, comme a esté definy cy dessus, & sera monstré cy aprés comme par exemple. | ||
Si on disoit & interrogoit un maistre de camp, & on luy demandast de combien d’advenues l’ennemy peut venir sur un camp, & qu’il respondit de plusieurs : Je dy que telle response seroit incertaine, & par consequent n’est pertinente, attendu que quand on fait telle susdittes interrogations à un maistre de camp ou autres, tels doivent estre certains de leurs responses. Autrement ne sont dignes de regir ne gouverner un camp, ne republiques, attendu qu’il faut estre certain de combien d’advenues l’ennemy peut venir sur un camp, à celle fin qu’on y puisse mettre autant de centinelles, pour la conservation & garde d’iceluy. | ||
Et pour respondre & conclure, à ce que dessus est dit nous avons autant de besoin de scavoir de combien de coups l’ennemy nous peut offenser, pour scavoir à iceux remedier & deffendre nostre corps & honneur, comme un Maistre de camps qui a un camp de cent ou cinquante mille hommes car c’est nostre interest particulier. Quant à moy je dis avec les doctes que ce qui ce peut faire avec peu est meilleur que ce qui ce fait avec beaucoup. À ceste cause j’osteray deux desdites cinq bottes que tient le dit Fabrice par ce que je les dy estre superflus, qui sont Fendant, & Imbronccade, & n’en demeurera plus que trois, qui sont cy dessus par moy definis, & seront cy apres. | ||
S’ensuit la declaration & raison cy aprés pourquoy ledit Autheur oste ledit Fendant, contre l’opinion desdits Fabrice & Julle, & plusieurs autres, ce neantmoins de tout temps les ont mis & mettent au ranc desdits coups.
La raison pourquoy j’oste premierement ledit Fendant est par ce qu’il ne se peut faire proprement. Car tout Fendant qui est propre faut qu’il tienne & ne laisse le sommet & meillieu de la chose qu’on veut fendre. Or est il que je ne sache homme, tant soit il exercé en toutes sciences ou arts, qu’ayant une espée au poing, couttellats, ou autres armes à ce propres à fendre, que quelque coup qu’il puisse faire, ne participe ou d’un costé ou d’autre, laissant le meillieu. Et pourtant si tel coup tiré participe du costé droict, n’est Fendant, ains Maindroict, & s’il tient plus du costé gauche, n’est aussi Fendant, mais sera un Renvers. | ||
Voyla la raison pourquoy ledit Fendant est osté par ledit Autheur : du nombre desdites cinq bottes que tient le susdit Fabrice, & n’en demourera plus que quatre. | ||
Cy aprés est aussi declaré pourquoy ledit autheur oste ladite Imbronccade du nombre desdites cinq bottes.
La raison, par ce qu’Estoccade & Imbronccade, c’est tout un, comme verjus verd, & verd verjus,[7] c’est aussi tout un. Car en demandant l’un ou l’autre, on ne vous apportera jamais que le mesme. Aussi une Estoccade, & une Imbronccade, c’est une mesme chose, attendu que cest tousjours la pointe qui faict la faction. Et par ainsi ostant comme dit est, le Fendant & imbronccade, n’en demoureront plus que lesdits trois coups qui sont cy dessus declarez audit troisiesme poinct. | ||
Voicy la fin de tout ce qui est requis & necessaire de scavoir & entendre à un chacun, qui veut estre adroit ausdites armes
Pour bien donner entendre lesdites armes, & discourir de l’art, ordre & pratique d’icelle, il a fallu feindre trois personnages : lLe premier c’est l’Autheur, le second le Lieutenant, le troisiesme le Prevost. Par l’Autheur sera descrit cy aprés tout l’ordre que doit tenir ledit Lieutenant & Prevost en l’art de ceste espée seule, laquelle s’ensuit cy aprés & le commencement d’icelle. FIN. | ||
Au Roy.
Par Estienne de la Guette, gentilhomme. SIRE, il est tout certain que les hommes sont faits | ||
Illustrations |
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Sensuit cy aprés comment il se fault planter pour bien mettre l’espée au poing, tant en temps de paix qu’en temps de guerre, avec les desmarches, gardes, desgainements, & assituations requises en cest art, qui sont fort necessaires à ceux qui veulent exercer lesdites armes.
Cy aprés quatre semelles mises & assituées au dessous des pieds du Lieutenent & Prevost, dont à l’une est cotté en chiffre 1, & à l’autre 2, & à l’autre 3, & l’autre 4, qui servent au Lieutenent & Prevost, & à tous autres, monstrans comment il faut bien & dextrement faires toutes les desmarches, desgainements, gardes, & assituations aux armes faignant un tel quadriangle, | ||
Tenue & plan general, pour faire la premiere desmarche & le premier, second, & tiers desgainements, qui sont necessaires scavoir, tant pour le Lieutenent assaillant, que pour le Prevost deffendant, & à tous autres qui aiment les armes, portans espée en leurs costez.
Icy ensuit la declaration de ceste tenue & plan pour le Lieutenent. Et pour ce faire faut que cestuy premier Lieutenant soit à pied joinct, ainsi placé, tenant le pied gauche dans une semelle, où il y a cotté auprés en chiffre 1, & le pied droict dans l’autre semelle, où il y a auprés cotté en chiffre 2, tenant la main droicte à la garde de son espée, & la main gauche au fourreau de l’espée, monstrant par cela qu’il veut monstrer au Prevost comment il faut qu’il face par cy aprés : comme est monstré cy dessus à la pourtraicture dudit Lieutenent cotté en chiffre au derriere du chappeau 1. La fin de ce que doit faire à present ledit Lieutenent. La declaration du plan & tenue pour ledit Prevost. Et pour ce faire est besoin que ledit Prevost soit à pied joinct, tenant le pied gauche dans une semelle où est cotté au dessous icelle en chiffre 1, & le pied droict dans une autre semelle où est cotté au dessus en chiffre 2, tenant la main droicte à la garde de l’espée, & la main gauche au fourreau d’icelle, monstrant qu’il est prest à faire ce que est necessaire en ceste premiere desmarche, comme luy a monstré ledit Lieutenent, qui est le premier, second, & tiers desgainement, comme est cotté cy dessus à sa pourtraiture & figure en chiffre 2. Voyla la fin & declaration dudit premier plan pour ledit Prevost. | ||
Garde pour faire, & executer ladite premiere desmarche, premier & second desgainement, pour le
Lieutenent & Prevost. Et pour faire ledit premier desgainement pour ce Lieutenent, est besoing qu’il soit à pied joinct, comme est monstré cy dessus à sa premiere pourtraiture, cotté en chiffre 1, & y estant, faut qu’il tire le pied droict arriere sur la semelle où est cotté au dessoubs d’icelle en chiffre 3, qui est pour la premiere desmarche. Et à un mesmes temps, mettre l’espée au poing, pour ledit premier desguainement portant la garde de l’espée aussi haut que l’espaule droite, assituant la pointe de l’espée droit le tetin gauche, contant 1, tenant la main gauche droict le visage, comme est monstré si dessus à la pourtraiture dudit Lieutenant, cotté en chiffre au derriere du col 3. Voyla la fin du premier desgainement pour ledit Lieutenent. Sensuit le second desgainement pour ledit Lieutenent. Pour le second desgainement pour ledict Lieutenent, faut qu’il soit ainsi placé à pied joinct, comme est monstré cy dessus, à la premiere pourtraiture, cotté en chiffre 1. Et pour executer cedit second desgainement est besoin, & faut qu’il tienne le pied droit un peu à quartier en l’air, l’ostant de la semelle où est cotté 2, portant la garde de l’espée, la desgainant aussi haute que l’espaule & la situation d’icelle comme dessus contant 1. Et à un instant passer l’espée par dessus la teste, estendant fort le bras, allant pauser ladicte garde de l’espée aussi haute que l’espaulle droitte, assituant la pointe de l’espée au tetin gauche du prevost, comme est cotté à sadite pourtraiture en chiffre 3. La fin du second desgainement pour ledit Lieutenent. Cy aprés est declaré le premier & second desgainement pour ledit Prevost, qui est pour scavoir bien mettre les armes au poing, comme luy monstre ledit Lieutenent. Et pour ce faire fault que ledit Prevost se souvienne comme il estoit placé cy dessus à sondit premier plan cotté en chiffre 2, qui est à pied joinct, & y estant, faut que cedit Prevost, pour faire cedit premier desgainement qu’il tire le pied droict qu’il a sur la semelle cottée 2, arriere sur la semelle où est cotté en chiffre 3, qui est aussi pour la premiere desmarche, & à un mesme temps mettre l’espée au poing, portant la garde de l’espée aussi hault, & un peu d’avantage que l’espaulle droict assituant la poincte de l’espée, estant sur ceste garde haulte, droit l’œil gauche, tenant sa main gauche droict son tetin gauche pour détourner la pointe de l’espée dudit Lieutenent, si par fortune la vouloit advancer davantage, comme est monstré cy dessus à sa pourtraiture cotté en chiffre 4. Voyla la fin de ce premier desgainement pour ledit Prevost. Sensuyt pour iceluy Prevost le second desgainement. Et pour bien executer le second desgainement, fault que ledit Prevost soit à pied joinct, comme est monstré a sadite pourtraiture, cotté en chiffre 2, & y estant, faut que cedit Prevost tire le pied droict hors de la semelle où il estoit, qui est cotté en chiffre 2, la posant un peu à cartier, faisant ledit second desgainement, qui est qu’il faut porter la garde de l’espée en garde moyenne, & la pointe droit le tetin gauche. Et pour commencer ce tiers desgainement, faut passer l’espée par dessus la teste, estendant bien fort le bras que tient icelle, & porter la garde de l’espée aussi haut, & un peu davantage que laditte espaulle droicte, assituant à un mesme temps la pointe de l’espée droict à l’œil gauche dudit Lieutenent, & la main gauche la tenant droict son tetin gauche, comme est dit cy dessus au premier desgainement, & comme est monstré à sadite pourtraiture cotté en chiffre au derriere du dos 4. La fin du premier & second desgaignement pour ledit Prevost. Aprés avoir monstré cy dessus, estant sur ledit premier plan, pour faire le premier & second desgainement pour le Lieutenent & Prevost, reste à monstrer le troisiesme desgainement, dont cy aprés on verra la garde & tenue pour executer & faire iceluy.
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Garde & tenue pour commencer à faire troisiesme desgainement pour le Lieutenent demonstrateur, au Prevost deffendeur.
Ce troisiesme desgainement pour ce Lieutenent, il se fait estant à pied joinct, comme est dit cy dessus, & monstré audit plan general, tenant le pied gauche sur la semelle où est cotté au dessous en chiffre 1, & le pied droict à la semelle où est cotté 2, & pour bien commencer cedit troisiesme desgainement, faut que ledit Lieutenent oste le pied droict de ladite semelle, où est cotté 2, & la porter en avant en l’air, faisant le premier desgainement, voy en son lieu cy dessus, contant un, & tenant tousjours le pied en l’air, tournant la garde de l’espée, le dessus de la main en bas, & les ongles en haut, assituant la pointe de l’espée droict au ventre, tenant la main gauche derriere, comme est monstré cy dessus à sa pourtraiture cotté en chiffre au derriere du chappeau 5. La fin du commencement dudit troisiesme desgainement pour le Lieutenent. Le troisiesme desgainement pour ledit Prevost, il se commence & se faict estant à pied joinct, comme est monstré cy dessus au plan dudit Prevost, cotté en chiffre 2, tenant le pied gauche dans une semelle, où est cotté en chiffre auprés 1, & le pied droict dans une autre semelle où est cotté 2, & pour commencer & faire ledit troisiesme desgainement faut que le Prevost mette le pied droict qui est sur la semelle cotté 2 un peu à cartier en l’air. Et faisant le premier desgainement qu’a faict ledit Prevost cy dessus contant 1. Et pour parachever cedict desgainement fault tourner la main de l’espée les ongles en hault, contant 2, assituant la pointe de l’espée droit à la veue, tenant la main gauche derriere, comme est monstré cy dessus à sa pourtraiture & figure cotté en chiffre au derriere du bonnet 6. Voila la fin du commencement dudit troisiesme desgainement pour ledit Prevost. | ||
La fin du troisiesme desgainement pour le Lieutenent & Prevost, que voicy pourtraits & parachevez, reste à declarer cy dessous leurs proprietez & significations
Pour bien, & avec grace parachever ledit troisiesme desgainement pour ce Lieutenent, faut estant sur le plan cy dessus pourtraict, où il tient le pied droict[12] en avant en l’air ayant fait ledit premier & second desgainement, cotté en chiffre, 5, est besoin que ledit Lieutenent, pour parachever ce desgainement, qu’il pause ledit pied droict qu’avoit en l’air, sur la semelle où est cotté à ceste pourtraiture en chiffre 3, retournant la garde de l’espée le dessus de la main en haut, comme fait le Lieutenent où est cotté en chiffre 3, car le pourtrayeur a faict faute à cestuy cy[13]. Mais cestuy Lieutenent icy tient bien sa main gauche, attendu qu’il la tient soubs le coude du bras de l’espée, comme est monstré à sa pourtraiture cotté en chiffre 7. La fin du parachevement dudit troisiesme desgaignement pour ledit Lieutenent. Et pour le parachevement dudit troisiesme desgainement pour ledit Prevost, faut aussi qu’il vienne à faindre estre sur le mesme plan cy dessus cotté 5, en chiffre à l’autre precedent Prevost, lequel tient le pied droict en l’air, tenant la garde de l’espée le dessus de la main en haut, & pour le parachevement de cedit troisiesme desgainement, faut que ledit prochain Prevost tire son pied droict arriere qu’avoit en l’air, comme est dit cy dessus, & le pauser sur la semelle où est cotté à sa pourtraiture en chiffre 3, tournant la main qui tient l’espée les ongles en bas, assituant la pointe de l’espée droict la face, ou l’œil gauche, qui est le mieux, & tenant la main gauche droict son espaulle, comme est monstré cy dessus à sa pourtraiture cotté en chiffre 8. Voyla la fin & parachevement dudit troisiesme[14] desgainement pour ledit Prevost. | ||
Tenue generalle, tant pour le Lieutenent assaillant, que pour le Prevost deffendant, pour executer l’art, ordre & pratique contenu en ceste espée seule.
Pour monstrer & declarer ceste tenue generalle pour le Lieutenent, est besoing, & faut à tous coups qu’il soit ainsi placé à pied joinct, ou à peu prés, tenant le pied gauche dans la semelle où est cotté en chiffre 1, & le pied droict dans une autre semelle où est cotté aussi en chiffre 2, tenant la main droicte à la garde l’espée, & la main gauche au fourreau d’icelle, monstrant au Prevost comment il doit faire, comme est monstré cy dessus à sa pourtraiture, cotté en chiffre 9. La fin de ceste tenue & plan pour ledit Lieutenent. S’ensuit le plan & tenue que faut que ledit Prevost deffendant fasse, estant instruit par ledit Lieutenent. Et pour ce faire faut pareillement, que ledit Prevost soit ainsi placé à pied joinct, tenant le pied gauche dans une semelle où est cotté en chiffre 1, & le pied droict en l’autre semelle, où est cotté en chiffre 2, tenant aussi son espée au costé gauche, & sa main droicte ouverte, monstrant par ce signe qu’il est prest à prendre l’espée, & faire ce que ledit Lieutenent luy dira, ledit Prevost tient aussi sa main gauche à son costé, signifiant qui la tient preste, & n’est gueres loin pour mettre l’espée au poing, & faire comme fait ledit Lieutenent cotté en chiffre 9, & cedit Prevost doit faire, & suivre tout ce qui est escrit icy, &[15] comme est aussi escrit à sa pourtraiture, & figure cotté en chiffre 10. La fin de la tenue & plan pour ledit Prevost. | ||
Tenue & garde du premier coup de ceste espée seule, pour le Lieutenent, qui est un maindroit de bas au jarret du Prevost, tiré par le Lieutenent, & deffendu par le Prevost, comme se verra cy aprés au premier coup.
Et pour ce faire le Lieutenent estant à pied joinct, comme est monstré cy dessus à la pourtraiture dudit Lieutenent cotté en chiffre 9, cedit Lieutenent tirera le pied droict arriere, un peu à cartier, en desgainant son espée, portera la garde d’icelle, en un mesme temps, aussi haute que son espaulle, assituant la pointe droit le tetin gauche du Prevost, tenant la main gauche au dessous du bras, comme est monstré cy dessus à sa pourtraiture cotté en chiffre au derriere du bonnet 11. Escrit pour la premiere garde & tenue pour ledit Prevost, pour commencer l’ordre de ceste espée seule. Et pour ce faire, faut que ledit Prevost soit à pied joinct comme est pourtrait cy dessus, cotté en chiffre 10. Et cedit Prevost ayant fait un desdits trois desgainemens, est demouré sur la garde haute, ayant tiré le pied droict arriere, tenant la main qui tient l’espée, un peu plus haute que l’espaulle droicte, assituant & visant la pointe de l’espée droict le menton, & tient ledit Prevost la main gauche droit son tetin, preste à faire ce que conviendra, & sera besoin cy aprés comme est monstré cy dessus à la pourtraiture & figure dudit Prevost cotté en chiffre au derriere du chappeau 12. La fin de ceste premiere garde pour ledit Prevost. | ||
Cette garde est presque semblable à la sudite, il n’y a guere de difference, & pourtant ne serviront que d’une, pour faire, & executer ledit premier coup de ceste espée seule, pour le Lieutenent & Prevost.
Pour declarer ceste garde, pour ce Lieutenent, faut estant à pied joinct tirer le pied droit[16] arriere un peu à cartier, portant la garde de l’espée aussi haute que l’espaulle droicte, assituant la pointe de l’espée droict à la gorge, la garde du Lieutenent cy dessus cotté en chifffre 11, est de mesmes, mais la situation non, par ce qu’il assitue la pointe de son espée droict le tetin gauche, & cestuy comme est dit à la gorge, tenant sa main gauche au desoubs le bras de l’espée, comme est monstré cy dessus à sa pourtraiture, cotté en chiffre, 13. Voyla la raison de ceste garde pour le Lieutenent. Cedit Prevost estant ainsi à pied joinct a tiré le pied droit arriere, & est demouré sur le pied gauche, ayant fait un desdits trois desgainements, & a porté la garde de l’espée un peu plus haut que l’espaulle droitte, tenant le dessus de la main que tient l’espée en haut, & les ongles en bas, comme il doit, & le dit Lieutenent ne fait, ainsi attendu que le peintre a fait faute à tous lesdits plus prochains Lieutenens, car ils devroient tenir les ongles de la main de l’espée en bas[17], & les tiennent en haut, mais cedit Prevost fait mieux que lesdits, & tient aussi sa main gauche au dessus du giron gauche, comme est monstré cy dessus à sa pourtraiture, cotté en chiffre 14. Voicy la fin de ceste seconde tenue, qui ne sert que d’une pour ledit Prevost deffendeur. | ||
Sensuyt le premier coup de ceste espée seule pour le Lieutenent assaillant, contre le Prevost deffendant.
Et pour ce faire, faut que cedit prochain Lieutenent ayant fait la desmarche, & un desdits desgainemens, estant demouré sur le pied gauche, comme est sur la pourtraiture cy dessus cotté en chiffre 13, & pour faire & executer ce premier coup de ceste espée seule, ledit Lieutenent advancera le pied droit, estant sur ladite garde cotté 13, & tirera un maindroit de bas au jarret gauche du Prevost, haussant la garde de l’espée aussi haulte presque l’espaulle gauche, baissant bien la pointe de l’espée en bas, pour faire plus perfectement cedit maindroit au jarret, tenant la main gauche, comme est monstré cy dessus à la pourtraiture dudit Lieutenent cotté en chiffre 15. Voicy la fin du premier coup de ceste espée seule, pour le Lieutenent assaillant, contre le Prevost deffendant. Cy aprés est declaré comment le Prevost a deffendu son jarret, & a tiré un maindroit sur le bras du Lieutenent. Et pour ce faire, ledit Prevost estant sur le pied gauche, ayant fait un des trois desgainements, gardes & assituations, estant demouré sur la dite garde cotté en chiffre cy dessus 14, a ledit Prevost pour bien executer, deffendre, & offencer, à un mesme temps cedit maindroit de bas, tire son pied gauche arriere, & a tiré un maindroit sur le bras de l’espée dudit Lieutenent, & non comme ont fait aucuns demonstrateurs ignorans qui croisent l’espée contre espée, quand un coup vient de bas, cela est bon, car par là on se deffend : mais ce coup est meilleur, car par iceluy on se deffent, & si on offence, & par ainsi de deux choses bonnes, je vous conseille de prendre la meilleure, comme cedit Prevost tient aussi en executant cedit coup, tenant sa main gauche, comme est monstré à sa pourtraiture, cotté en chiffre, 16. Voila la deffence dudit maindroit de bas au jarret deffendu par le Prevost contre ledit Lieutenent. | ||
Sensuit la premiere opposite & suitte, du premier coup, qui est pour le Lieutenent assaillant, & pour le Prevost deffendant.
Et pour ce faire, le Lieutenent, estant encores sur le pied droit, ayant tiré ledit maindroit de bas au jarret, le Prevost luy a tiré à un mesme temps un maindroit sur le bras de l’espée, comme est cotté cy dessus audit Lieutenent en chiffre 15, & au Prevost 16. Cedit Lieutenent estant encores sur le pied droit, se voyant frappé d’un maindroit sur le bras de l’espée, a incontinent monté & porté sont espée en haut, & tiré un arrieremain sur le costé de l’espaulle droite du Prevost, tenant ledit Lieutenent, sa main droite les ongles des doids regardant du costé gauche, & sa main gauche la tenant droit son visage, comme est monstré cy dessus à sa pourtraiture, cotté en chiffre au derriere de son col 17. La fin de la premiere opposite du premier coup de ceste espée seule, pour ledit Lieutenent[18]. Cy aprés sera declaré la deffence de la premiere opposite & suitte pour le Prevost, contre ledit Lieutenent. Et pour evader & se garder de ceste premiere suitte, qui est un arrieremain d’haut, ayant tiré un maindroit sur le bras dudit Lieutenent, comme est monstré cy dessus à sa pourtraiture, cotté en chiffre dudit Lieutenent 15, & au Prevost qui execute ledit maindroit, cotté en chiffre 16, ledit Prevost estant sur le pied droit, pour se garder & deffendre de cestedite premiere opposite, croisera l’espée dudit Lieutenent, du fort le foible, luy presentant un estoc au visage dudit Lieutenent, tiendra ledit Prevost sa main gauche auprés de son tetin, comme est monstré cy dessus à sa pourtraiture, cotté en chiffre 18. La fin de la premiere opposite & suitte pour ledit Prevost, s’estant bien deffendu d’icelle, contre ledit Lieutenent. | ||
Sensuit la seconde opposite & suitte pour le Lieutenent & Prevost du premier coup de ceste espée seule, qui est un maindroit.
Et pour bien faire & parachever ceste seconde suitte par ledit Lieutenent, faut qu’il soit encores sur le pied droit, & ayant fait la dite seconde opposite & suitte, ayant veu que ledit Prevost s’est deffendu, a ledit Lieutenent encores pour ceste seconde suitte desrobbé son espée par dessous la garde de l’espée du Prevost, & a tiré un maindroit d’hault sur ledit Prevost, tenant le dessus de la main que tient l’espée en bas, & les ongles en hault, & la main gauche droit son visage, comme est monstré cy dessus à sa pourtraiture & figure, cotté en chiffre 19. La fin de ceste seconde suitte dudit premier coup pour le Lieutenent. Cy aprés sera monstré comment le Prevost se doit deffendre de ladite seconde opposite & suitte, tirée par ledit Lieutenent assaillant. Et pour s’en bien garder, ledit Prevost doit regarder la pointe de l’espée dudit Lieutenent, & quand il l’a desrobbé par desous la garde de l’espée dudit Prevost, comme il doit, pour luy tirer un maindroit d’hault, ledit Prevost ne s’ostant sur la desmarche du pied droit, comme il est, croisera ledit maindroit que luy a tiré ledit Lieutenent du fort le foible, & luy presentera un estoc au visage dudit Lieutenent, tenant sa main gauche droit son espaule, comme est monstré cy dessus à sa pourtraiture & figure, cotté en chiffre, 20. Voici la fin de ceste seconde opposite & suitte de cedit premier coup pour ledit Prevost, | ||
En ces deux pourtraitures qui sensuivent est monstrée la garde & tenue pour faire le second coup pour le Lieutenent & Prevost, suivant l’ordre de ceste espée seule.
Pour bien faire cestedite garde pour le Lieutenent faut qu’il soit à pied joinct, comme dit est cy dessus, à la tenue generalle dudit Lieutenent, où est cotté en chiffre 9, qui est pour monstrer comment faut faire toutes les gardes, qui sont requises à toutes les susdites armes. Et pour faire ceste garde icy pour ledit Lieutenent est besoin, estant ainsi placé comme dit est, qu’il tire le pied droict arriere un peu à cartier sus le costé droict, & à mesme temps mettre l’espée au poing, portant la garde de l’espée un peu plus haute[19] que l’espaulle droicte qui est en garde haute, assituant la pointe de l’espée droict à la veue, tenant sa main gauche sus la cuisse gauche, comme est cotté en chiffre à sa pourtraiture 21. La fin de ceste garde pour ledit Lieutenent. Sensuit l’escrit de la garde & tenue pour ledit Prevost. Et pour ce faire ledit Prevost estant pareillement à pied joinct, comme est monstré cy dessus à sa pourtraiture cotté en chiffre 10, faut pour bien faire ceste garde basse que ledit Prevost tire le pied tire le pied droict arriere en desgainant portant la garde de l’espée sus son giron gauche, assituant la pointe de l’espée droict à la braye dudit Lieutenent, tenant aussi sa main gauche droict le tetin gauche, comme est monstré cy dessus à sa pourtraiture, & figure cotté en chiffre au derriere de son bonnet 22. La fin de ladite garde & tenue pour ledit Prevost. | ||
Sensuit le second coup de ceste espée seule, suivant l’ordre d’icelle, qui est un renvers de bas au jarret droict du Prevost, tiré par le Lieutenent, & deffendu proprement par le Prevost.
Et pour ce faire, le Lieutenent estant sur le pied droict ayant faict & tiré ladite premiere & seconde opposite, & pour executer & faire cedit second coup advance le pied gauche, & tire un arriere main au jarret droict du Prevost, tenant la main gauche droict son visage, comme est monstré cy dessus à sa pourtraiture & figure cotté en chiffre 23. Voila la fin dudit second coup pour le Lieutenent. Cedit Lieutenent feint ne scavoir le remede de cedit renvers, mais il le fait comme ce verra cy aprés : car il ne se veult deffendre, ne faire le remede, attendu qu’il montre audit Prevost, comment il doit faire. Cy aprés sera declaré le second coup de ceste espée seule, pour ledit Prevost, qui est un renvers sur le coude de l’espée du Lieutenent. Et pour ce faire ledict Prevost ayant faict la premiere garde & desgainement estant sus le pied gauche pour executer ce coup quand ledit Lieutenent a advancé le pied gauche pour luy tirer un arrieremain de bas au jarret, le Prevost a tiré le pied droict arriere, & a tiré un renvers sur le coude du bras de l’espée dudit Lieutenent, & n’est allé à l’espée comme font un tas d’ignorans tenant la main gauche sur le giron gauche, comme est monstré cy dessus à sa portraiture & figure cotté en chiffre au derriere du col, 24. La fin du second coup qui est un renvers sus le coude du bras de l’espée dudit Lieutenent, tiré par cedict Prevost. | ||
Sensuivent les opposites & suittes, & declarations d’icelles dudit second coup, qui est un renvers de bas au jarret gauche du Prevost tiré par le Lieutenent.
Et pour ce faire ledit Lieutenent estant sur le pied gauche, se voyant touché sur le coude du bras de son espée comme dit est aux autres susdites figures, cotté en chiffre, 23, & 24, incontinent se prochain Lieutenant a faict ceste premiere opposite, ou suitte, & est remonté d’un main droict, ou estoc d’haut, comme il pouvoit & a faict, tenant la garde de l’espée la pointe des doids regardant le costé gauche, & tenant la main gauche droict son epaulle, comme est monstré cy dessus à sa pourtraiture, cotté en chiffre 25. Voyla la fin de la premiere opposite dudit second coup pour le Lieutenent. Cy aprés sera monstré la declaration de la premiere opposite ou suitte dudit second coup, qui est un renvers de bas au jarret pour ledict Lieutenent, & un renvers sur le coude, tiré par ledict Prevost cotté en chiffre cy dessus, pour ledict Lieutenent 23. & pour ledict Prevost 24. Et pour se deffendre de ceste seconde opposite ou suitte, qui est un main droit ou estoc de hault tiré par ledict Lieutenent, est necessaire que ledict Prevost estant sur la demarche du pié gauche, il croise de son espée celle dudict Lieutenent, du fort le foible, & luy presenter un estoc au visaige dudit Lieutenent, tenant la garde de l’espée les ongles de la main d’icelle en hault, & la main gauche au dessoubs le coude du bras de l’espée, comme est monstré cy dessus à sa pourtraiture & figure cotté en chiffre 26. Voila la fin de la premiere opposite dudict second coup pour ledict Prevost. | ||
Declaration de la seconde opposite dudit second coup pour le Lieutenent & Prevost.
Et pour ce faire faut & est besoin, que le Lieutenent susdict estant sus la démarche du pied droict desrobera son espée par desoubs la garde de l’espée du Prevost, & tirera encores un renvers ou estoc d’hault pour la seconde opposite & suitte à son chois sus le costé droict, tenant la garde de son espée ses ongles regardant du costé gauche, & la main gauche droict son visaige, comme est monstré cy dessus à sa portraiture cotté en chiffre, 27. La fin de la seconde opposite pour le Lieutenent provenante du second coup. Declaration de la seconde opposite pour le Prevost deffendant contre ledict Lieutenent. Et pour ce faire est besoing que ledict Prevost soit aussi sus le pied droict & qu’il croise & rabbate du fort le foible, l’espée dudit Lieutenent assaillant, qui est ceste seconde suitte, tenant la garde de l’espée & le bout des doids que tient icelle en bas, & luy presenter un estoc au tetin gauche, tenant aussi la main gauche droit le tetin gauche, comme est monstré cy dessus à sa pourtraiture & figure cotté en chiffre, 28, Voicy la fin de la seconde opposite pour le Prevost provenante du renvers de bas au jarret pour le Lieutenent, & deffendue & tiré sur le bras par le Prevost, comme est monstré tout au long aux portraitures cy dessus aux coups. Et si c’est qu’aucuns Lieutenens, ou Prevosts soient gauchiers, fault qu’ils observent la mesme dessusdite desmarche garde & assituations, s’ils veullent bien & parfaictement monstrer lesdites armes. | ||
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Transcription | Olivier Dupuis | FFAMHE |
Additional Resources
- Hyatt, Robert Preston and Wilson, Devon. "The Single Sword of Henry de Sainct Didier." Masters of Medieval and Renaissance Martial Arts. Ed. Jeffrey Hull. Boulder, CO: Paladin Press, 2008. ISBN 978-1-58160-668-3
- Sainct Didier, Henry de. The Single Sword of Henry de Sainct-Didier (Traicté Contenant Les Secrets Du Premier Livre Sur L'Espée Seule). Trans. Robert Preston Hyatt and Devon Wilson. Boulder, CO: Paladin Press, 2009. ISBN 978-1581607048
- Slee, Chris. Secrets of the Sword Alone. LongEdge Press, 2014. ISBN 978-0646926353
References
- ↑ Pristin : ancien, antérieur
- ↑ Insertion du « a ».
- ↑ « L'es », habituellement orthographiée « ais », désigne une planche de bois placée dans le mur du fond de la salle de jeu de paume qui, si elle est touchée par un coup de volée, donne le point immédiatement. Dans le jeu de paume moderne, cette planche est remplacée par une grille. Il est possible que cet « ais » ait donné le terme anglais d'« ace » que les étymologies modernes confondent avec l'« as » du jeu de carte. Voir la définition d' « ais » de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert.
- ↑ L’esteuf : ancien nom pour la balle.
- ↑ précéder. « Préaller » subsiste en français sous la forme « préalable ».
- ↑ Il s’agit très probablement du maître d’arme italien Fabris Salvator de Padoue (1544-1617). Voir la note sur Fabris Salvator de Vigeant p. 162 et aussi les références à ses publications (Vigeant p. 55-56)
- ↑ Version alimentaire de l’adage « blanc bonnet et bonnet blanc ».
- ↑ Transcription la plus sûre du texte : « gran d erre »
- ↑ Serviteur du grand prêtre venu arrêter Jésus au Mont des Olivier et dont l’oreille coupée a été immédiatement guérie. Selon la lecture du passage, il est parfois pris pour celui qui soufflète Jésus.
- ↑ Un des anciens nom de l’abeille.
- ↑ Sens incertain ; peut-être s'agit-il d'une mauvaise graphie de « filial ».
- ↑ Correction du texte d’origine donnant « peid ».
- ↑ Cette correction sur les images d'Henri de Saint-Didier indique que celles-ci ont été réalisées avant la version finale du texte.
- ↑ Le « o » de troisiesme est curieusement placé en exposant.
- ↑ Suppression du doublement de l'esperluette.
- ↑ Proposition de correction de l’édition originale qui donne « gauche », en incohérence avec la gravure et le texte plus bas qui confirme que la posture du Lieutenent est identique à celle de la section précédente où c’était bien le pied droit qui était reculé.
- ↑ Deuxième remarque de l'auteur sur les gravures montrant que le texte a été retouché après réception des gravures. À comparer avec une remarque similaire faite dans le i.33.
- ↑ Correction du texte d’origine donnant « Leiutenent ».
- ↑ Correction de l'édition originale qui omet lors d'un changement de page le début du mot « haute »